Monographie — Édition 2025
« Chers amis, nous sommes Ödland.
Nous aimons vents et violons, nuages et pianos.
Il faut que nous rêvions pour ne pas oublier ce paysage.
Nous sommes nés dans un train fou et voyageons avec des fantômes.
Notre ombre va renaître car le passé nous éclaire.
Chers amis, bienvenue sur nos terres.»
Il existe des pays qui ne figurent sur aucune carte. Ödland est l’un d’entre eux.
Né d’une traversée, d’un élan commun, d’une intuition partagée, Ödland s’est construit comme on construit un monde intérieur : par strates, par souvenirs, par signes. Des ruines de l’Europe oubliée aux lointains marécages de Laponie, des rivages crépusculaires jusqu’aux astres invisibles, chaque voyage, chaque création a révélé un morceau de ce territoire secret.
Ce territoire parle plusieurs langues. Parfois, il chante l’hiver, dans les lueurs fragiles d’une Sankta Lucia. Parfois, il se perd dans les étendues cosmiques d’une Comète, suspendu entre la nostalgie et l’ivresse du vertige. Parfois encore, il embarque sur un Bateau blanc, voguant à la frontière du souvenir et du rêve.
Ödland tisse ainsi une géographie étrange, faite de folklore et de futurs incertains, d’histoires simples et de labyrinthes oubliés. C’est un espace où la musique, les images, les objets et les textes s’entrelacent en un récit plus vaste que chacun de nous.
Il y a des lignes invisibles. Elles unissent un chapeau d’enfant fabriqué autrefois et une tradition nordique ancestrale. Elles relient Athènes à Istanbul, Buzludja à Sloviansk. Elles tracent un fil continu entre les fantômes des villes passées et les songes des paysages futurs.
Voyager avec Ödland, ce n’est pas avancer vers un point fixe : c’est explorer une carte en perpétuelle invention, où les chemins parfois se replient sur eux-mêmes, où certaines portes qu’on franchit n’ouvrent sur rien de connu, où un souffle étranger semble précéder vos pas dans les bois sombres.
C’est apprendre à lire entre les lignes, à écouter ce que chuchotent les pierres, les vents, les silences disloqués.
Car notre terre échappe aux regards. Mais elle est là, pourtant — tapie dans l’ombre, patiente, prête à entrouvrir ses plis à ceux qui sauront s’y perdre.
Ödland. Un nom de friche, de désert, de contrée oubliée.
En allemand, Ödland signifie littéralement « terre en friche », un espace abandonné, suspendu entre ruine et renaissance. Mais sous la plume de Lorenzo Papace, d’Alizée et Léa Bingöllü, ce mot devient bien plus qu’une simple évocation : il désigne un territoire imaginaire, à la fois musical, poétique et sensoriel.
Un refuge mystérieux, niché quelque part entre les brumes de Scandinavie, les ruines industrielles d’Europe de l’Est, les forêts hantées du folklore européen et les souvenirs effacés de l’enfance. Un pays aux marges du réel, que l’on atteint en embarquant sur de vieux trains rouillés, en longeant des chemins de traverse oubliés, ou en écoutant les échos d’une mémoire qui persiste.
Dans cet univers parallèle, les spectres du passé dansent encore, les contes murmurent à l’oreille des vivants, et les chansons se tissent comme de fragiles sortilèges de papier. Depuis 2008, le groupe Ödland trace une trajectoire singulière dans le paysage musical indépendant.
Fondé à Lyon par Lorenzo Papace (auteur, compositeur, pianiste, réalisateur, scénographe, artiste visuel), avec Alizée Bingöllü (autrice, chanteuse, metteuse en scène, comédienne) et sa sœur Léa Bingöllü (violoniste, théréministe et scie musicale), le trio façonne une œuvre artisanale à la croisée de plusieurs mondes : musique de chambre acoustique, folk européen métamorphosé, poésie mélancolique et critique subtile de la modernité industrielle.
Leur musique est une traversée.
Un contre-récit mélodique face aux dogmes de la vitesse, du progrès et de l’oubli. Dans l’univers d’Ödland, on parle à l’oiseau avant qu’il ne s’éteigne, on chante les trains mortels et les fêtes solsticiales de la Sainte Lucie, l’on pleure des comètes condamnées et l’on vogue sur des bateaux promis au naufrage.
C’est une musique qui rit, qui pleure, qui se souvient, qui résiste. Une musique qui célèbre l’impermanence, les fantômes, les disparitions, les renaissances minuscules. Une musique artisanale, tissée à la main et au cœur, loin des standards industriels, portée par la beauté fragile de ses moyens et par l’infini résonnant de ses fins.
Ce document est une tentative d’arpenter ce territoire invisible. De cartographier ses sources et ses sentiers effacés. De dire, par fragments, que le monde d’Ödland existe — bien que personne ne sache vraiment où il commence, ni où il finit.
Ödland est né d’une rencontre artistique et humaine, loin des sentiers battus et des mécanismes traditionnels de l’industrie musicale.
À l’origine, il y a Lorenzo Papace, pianiste, compositeur, artiste visuel, porteur d’une vision singulière où musique, images et récits s’entrelacent naturellement.
À ses côtés, Alizée Bingöllü, chanteuse, autrice et comédienne, apporte son timbre sensible, son imaginaire poétique, sa capacité à créer des passerelles entre le chant et la scène.
Rapidement, Léa Bingöllü, sœur d’Alizée, rejoint l’aventure, enrichissant l’univers sonore d’Ödland par son violon, puis par des instruments inhabituels comme la scie musicale et le thérémine, ouvrant les portes d’un son spectral et mouvant.
Dès ses débuts, Ödland affirme un choix radical : celui de l’indépendance absolue. Pas de label, pas de manager, pas d’intermédiaires. Chaque chanson est composée, arrangée, enregistrée, produite, illustrée, communiquée par leurs propres moyens. Le geste est artisanal, presque médiéval : lenteur, attention, soin du détail, goût pour le fait main et l’imperfection assumée. Leur premier terrain de diffusion est Myspace, en 2009, puis leur propre site internet, dans un lien direct et sensible avec leur public.
Dans cette éclosion, une quatrième figure joue un rôle déterminant : la photographe Isabelle Royet-Journoud, dite Féebrile. Isabelle propose le nom du groupe : Ödland. Elle contribue également à façonner l’imaginaire visuel originel d’Ödland : costumes singuliers, accessoires détournés, atmosphères crépusculaires. Sur scène, elle joue du ukulélé, du tambour, et anime toutes sortes de petits jouets. Présente aux premières tournées et projets visuels du groupe, elle se retire en 2012, laissant une empreinte durable dans l’esthétique d’Ödland.
Dès ses premiers pas, Ödland trace une ligne singulière :
Plus qu’un groupe de musique, Ödland devient d’emblée un espace de création total, à la croisée de plusieurs arts. Un monde intérieur en expansion. Un pays de l’ombre, fait de sons, de papiers, de gestes, de silences.
La logique d’Ödland n’est jamais celle du marché ni de la vitesse : c’est celle du lien direct, du geste manuel, de l’attention portée à chaque détail. Chaque disque, chaque concert, chaque visuel devient une invitation à entrer dans un fragment du territoire secret d’Ödland — comme si l’on ouvrait une vieille porte dérobée sur un monde évanoui.
Ödland ne s’est jamais contenté d’exister : il s’est déployé, comme une carte intérieure que l’on déroule lentement, à mesure que l’on avance. Chaque création, chaque voyage, chaque rencontre a ajouté un nouveau fragment à ce territoire mouvant.
En 2009, le groupe fait une première percée publique avec The Caterpillar, un premier EP fragile, presque chuchoté, volontairement lo-fi, entièrement autoproduit. Enregistré à Lyon avec des moyens modestes, ce disque esquisse déjà ce qui deviendra la signature d’Ödland : un tissage minutieux entre musique acoustique, évocations oniriques, surprises sonores et narration. The Caterpillar est un mélange de chansons d’amour et d’univers noir et fantastique, teinté d’humour.
Le 16 mai 2009, sur un bateau à Lyon (La Marquise), Ödland donne son tout premier concert. Une image fondatrice : celle d’un groupe embarqué sur les flots d’une aventure musicale.
Puis vient Ottocento (2010), leur premier album complet. Avec lui, Ödland affirme sa capacité à construire des mondes. Chaque morceau est une pièce d’un cabinet de curiosité.
L’architecture sonore est très marquée, évoquant les films muets, les ballets anciens, les fêtes populaires disparues. Inspiré par l’Europe du XIXᵉ siècle — « Ottocento » signifiant littéralement « huit cents » en italien, désignant ainsi tout le XIXᵉ siècle — cet album est hanté par la mélancolie d’une époque révolue, mais jamais figée.
Ottocento porte aussi une filiation avec l’univers d’Alice au pays des merveilles : fascination pour les mondes décalés, les logiques absurdes, les glissements d’échelles et de perspectives. Un imaginaire fantastique auquel le groupe rend un hommage discret, avant de s’en éloigner pour inventer sa propre cosmogonie, plus intime, déliée des influences littéraires directes.
Les instruments acoustiques sont seuls maîtres à bord : piano, violon, violoncelle, scie musicale, ukulélé, tambourins. L’électronique est bannie. La voix d’Alizée, suspendue entre fragilité et intensité, guide l’auditeur à travers les corridors d’un vieux continent en sommeil.
Dans Les yeux de l’oiseau, Mon capitaine ou Train, Ödland mêle piano, violon, scie musicale, jouets détournés, et une forme de naïveté lucide pour évoquer les fleurs poussant dans les interstices des zones liminaires, les odyssées mentales d’un navire sans port, ou les dérives d’une locomotive devenue monstre.
Train, autre chanson phare de cette époque, s’impose comme une allégorie critique de la civilisation industrielle : la fascination pour le progrès ferroviaire y devient métaphore d’un système qui broie les corps, coupe la nature, défie les montagnes et finit par dérailler. Ce texte dense, aux allures de monologue halluciné, critique le mythe de la maîtrise humaine sur la technique : le train n’est plus un outil au service de l’homme, mais une entité autonome, dangereuse, incontrôlable. Une crainte contemporaine s’y révèle : celle d’un monde industriel devenu monstrueux, indifférent à la vie.
Les concerts sont conçus comme des veillées musicales. Sur scène, le décor est fait de valises, lanternes, dentelles, objets anciens et tissus récupérés. Un théâtre miniature et nomade prend vie, entre magie acoustique et songes anciens.
Ce premier chapitre pose les bases d’un univers musical libre, profondément narratif, à la croisée des contes et des ruines modernes. Déjà, Ödland invente un folklore à venir.
La logique d’Ödland n’est jamais celle du marché ni de la vitesse : c’est celle du lien direct, du geste manuel, de l’attention portée à chaque détail. Chaque disque, chaque concert, chaque visuel devient une invitation à pénétrer dans un fragment du territoire secret d’Ödland — comme si l’on ouvrait une vieille porte dérobée sur un monde évanoui.
Teinté d’une légère influence jazz, Ottocento révèle aussi un goût pour l’improvisation maîtrisée et les syncopes élégantes. Ce n’est donc pas un hasard si la sortie de ce premier album fut célébrée le 15 avril 2010 dans un lieu emblématique : le Hot Club de Lyon.
Porté par une communauté fidèle sur Internet, le succès d’Ottocento permet au groupe d’envisager sa première tournée.
Dès 2010, Ödland sillonne la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, jouant dans des petites salles, des galeries d’art, théâtres, médiathèques, boutiques, appartements, des lieux alternatifs. Ces concerts fondateurs forgent une esthétique scénique singulière et tissent un lien précieux avec un public international curieux et fidèle Une vidéo-témoignage de cette époque, réalisée par Lorenzo Papace, permet d’en retrouver l’esprit :
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Chaque album, chaque concert, chaque clip réalisé par Lorenzo Papace devient alors non pas un simple projet, mais une exploration : un fragment de carte ajouté à ce pays sans nom que leurs chansons dessinent dans l’ombre.
Déjà, quelques signes étranges accompagnent leur chemin : un compartiment vide dans un train fantôme, une ruine industrielle qui vibre au passage du vent, des noms disparus sur des plaques de gare effacées.
À mesure que le voyage s’étend, l’appel d’une nouvelle exploration grandit, toujours plus loin, vers d’autres territoires éclipsés…
Avec Sankta Lucia, sorti en 2011, Ödland poursuit sa quête musicale et poétique à travers un continent en clair-obscur. Cet album concept naît d’un geste fondateur : un voyage réel entrepris à travers l’Europe, quelques mois avant la composition, pour capter les échos lointains d’un monde en voie d’effacement.
Munis d’un carnet de bord, d’un enregistreur de terrain et d’une attention ouverte au hasard, Lorenzo sillonne la Scandinavie, les Balkans, l’Europe centrale, à la recherche de signes, de sons, d’histoires — grandes ou petites — et de présences tenues. Ses errements dessinent des lignes invisibles à travers le continent : lignes de mémoire, lignes de fuite, lignes de fracture.
Au retour, ces fragments récoltés — images, sons, sensations — nourrissent l’écriture de Sankta Lucia. La fête scandinave de la Sainte Lucie, célébrée le 13 décembre, devient leur point d’ancrage : une lumière fragile au cœur de l’hiver, symbole d’espoir dans l’obscurité. À partir de ce repère, l’album tisse un récit éclaté, une géographie sensible des folklores, des légendes et des blessures de l’Europe.
Sankta Lucia est un disque de voyages et de revenants. Les langues s’y croisent — français, suédois, anglais, italien, grec, serbe — comme les temporalités. Chaque chanson est une escale sur la carte intérieure d’Ödland
Certaines chansons évoquent des épisodes historiques ou des mythes anciens (L’enlèvement d’Europe, Trottoirs vermoulus), d’autres prennent place dans des trains (Une nuit dans un train serbe, Trains, Thirty-one wanderings). D’autres encore, comme La Grèce et moi ou Les dieux sont partis, réfléchissent avec mélancolie à la perte de sens dans un monde désenchanté.
L’album est traversé par une tonalité politique et existentielle nouvelle. Dans Trains possibles, le groupe interroge l’histoire européenne et ses effondrements. Le morceau débute comme une rêverie sur le XXᵉ siècle — ses utopies, ses promesses techniques — avant de basculer dans la gravité : les gares désertes, les rails de Birkenau, le progrès trahi. Le train, déjà métaphore dans Ottocento, devient ici l’instrument froid d’une industrialisation qui broie l’humain et ravage la terre. C’est une chanson puissante, sobre, presque oraculaire, qui inscrit le groupe dans une tradition de la mémoire et de la responsabilité historique.
Parallèlement, Østersøen, rêverie suspendue sur la mer Baltique, déroule une autre géographie intérieure : un lit flotte dans une chambre, qui devient un wagon, qui devient un bateau, puis dérive au gré des courants. Ce rêve en cascade, au bord de l’absurde, devient une métaphore du mouvement perpétuel de l’Europe, de ses mutations géologiques, de ses dérives mentales. Le clip réalisé en stop motion papier par Lorenzo Papace et Vincent Pianina accentue encore la poésie fragile du morceau, avec ses décors miniatures et ses effets de perspective fabriqués à la main. Ce film a été largement acclamé pour ses qualités esthétiques, artisanales et poétiques. Regarder ici
Musicalement, Sankta Lucia élargit encore le spectre d’Ödland. Le groupe explore les folklores sans jamais les figer : chants traditionnels, musiques liturgiques, complaintes populaires sont métamorphosés dans un langage acoustique minimaliste. Violon, piano, scie musicale, percussions discrètes, métallophone, mélodica, ukulélé et voix s’entrelacent dans des textures de chambre, un écrin feutré pour des récits souvent sombres, où chaque silence devient une respiration précieuse. L’esthétique reste artisanale, mais gagne en ampleur et en complexité.
Le choix de sortir l’album précisément le 13 décembre, jour de la Sainte Lucie, inscrit l’œuvre dans un calendrier symbolique, presque rituel.
À cette époque, Ödland intensifie ses tournées à travers le continent : Lyon, Vienne, Varsovie, Budapest, Šiauliai, Venise, Thessalonique, Delphes, Ljubljana, Cracovie… Chaque escale devient l’occasion de chanter, de filmer, de documenter. Les clips tournés sur les lieux mêmes des chansons prolongent l’album comme des pèlerinages poétiques.
À travers Sankta Lucia, Ödland affirme une voix singulière : rêveuse et documentée, lyrique et critique, enracinée dans les ruines d’un continent hanté par ses fantômes.
La carte intérieure continue de s’étendre, fragile mais tenace, dessinant peu à peu les contours d’un territoire musical unique — à la croisée des légendes, de l’histoire oubliée et des intuitions secrètes.
Et bientôt, d’autres lignes invisibles se dessineront…
Avec Galaktoboureko, paru en 2013, Ödland quitte les brumes d’Europe du Nord et les ruines industrielles pour plonger dans un monde plus solaire et baroque : celui de la Méditerranée orientale. Ce nouvel album marque une étape essentielle dans l’évolution du groupe : l’affirmation d’une musique plus chaleureuse, sensuelle et ouverte sur d’autres horizons.
Le disque est directement inspiré par un séjour du groupe en Grèce, durant lequel Lorenzo collecte des instruments traditionnels — bouzouki, baglama. Passionné par la musique rébétiko, il entreprend un travail minutieux d’écoute, de décryptage et d’appropriation de cet univers sonore singulier, riche d’une mémoire populaire transmises oralement.
Galaktoboureko étend donc l’univers d’Ödland vers une Méditerranée métissée. Le choix du titre — un gâteau grec d’origine turque — n’est pas anodin : il symbolise le mariage des cultures, l’ambiguïté douce-amère, la joie fragile.
L’album ne se contente pas d’évoquer la Méditerranée : il la réinvente. Dans Galaktoboureko (la chanson), le corps aimé devient un dessert sucré, mélange de sensualité et d’absurde. Dans Ce soir je bois, la fuite dans l’ivresse tente d’oublier les douleurs de la vie. Ménades et satyres célèbre sans retenue les plaisirs du corps et du présent, dans une liberté antique déchaînée. Orphelin, fausse comptine émancipée, réaffirme la philosophie du groupe : trouver sa liberté en dehors des filiations imposées.
Un baiser dans la nuit revient à une veine plus mélancolique, avec un chant d’adieu à la douceur fragile et éphémère des amours humaines. Gypsy mêle humour noir et tendresse cruelle dans le portrait d’un chien jaloux devenu le miroir des tourments familiaux.
Dans Le long du Bosphore, une sieste bercée par les rumeurs d’Istanbul bascule dans une rêverie hallucinée, où les villes antiques se mélangent, se fondent dans un rêve cosmique. Serait-ce un rêve ? clôt l’album sur une interrogation existentielle — rêve ou réalité, souvenir ou illusion ?
Musicalement, Ödland intègre de nouveaux instruments méditerranéens tout en conservant son ADN acoustique. Le bouzouki, le baglama et la banjoline apportent des couleurs orientales, tandis que le violon de Léa Bingöllü, le ukulélé et la voix d’Alizée prolongent l’émotion intérieure.
Le groupe accueille deux nouvelles musiciennes : Mélodie Carecchio à la flûte et Lucie Lacour au violoncelle. Leur présence donne aux morceaux une ampleur plus orchestrale, une teinte de musique de chambre
Trois clips illustrent visuellement cette époque foisonnante :
Cet album marque une apogée dans la complexité des arrangements et la variété des formes. Il creuse un sillon unique : celui d’un groupe qui ne cherche pas à « faire couleur locale », mais à réinventer ses propres territoires poétiques à partir de la matière vivante des cultures européennes.
Entre Orient et Occident, entre savant et populaire, Ödland recherche ici une musique qui évite l’exotisme facile, ou le folklore figé, mais une écriture à la fois vivante et hantée. En cela, Galaktoboureko est sans doute l’un des chapitres les plus foisonnants et indociles de l’histoire du groupe.
Avec Comète, paru le 13 décembre 2015, Ödland prend de l’altitude. Après avoir cartographié les légendes et les blessures de l’Europe à travers Sankta Lucia et Galaktoboureko, le groupe quitte la terre ferme pour explorer les confins du ciel, du vide et du temps. C’est le début d’un cycle spatial et politique, où les images scientifiques, les utopies déchues et les instruments électroniques se tressent à la tradition artisanale de la chanson poétique.
Cet album est celui de la chute, du vertige, de la désillusion cosmique. À commencer par Comète, la chanson éponyme : née dans le nuage d’Oort, une comète quitte sa banlieue stellaire, s’embrase en approchant du Soleil, avant de se consumer entièrement. Ce destin astral devient la métaphore d’un idéal humain qui s’autodétruit par excès de lumière.
Comète se déploie sur 67 minutes, dans un foisonnement d’influences mêlées : musiques folkloriques d’Europe de l’Est, fragments de hip-hop, musiques savantes, ballades cosmiques et expérimentations sonores. Les instruments électroniques — synthétiseurs analogiques, boîtes à rythme — prennent une place nouvelle sans effacer l’acoustique fidèle du piano, du violon, de la scie musicale, du violoncelle, de la flûte. Cette alliance fragile entre folk et science-fiction est rendue possible grâce à un travail de production minutieux. Le mixage, assuré par le studio Mikrokosm à Lyon, équilibre la texture fragile des cordes et des bois avec la densité vaporeuse des nappes synthétiques.
La gravité thématique de l’album se déploie dans chaque chanson.
Dans Like Dinosaurs, la disparition des amours humaines est comparée à l’extinction des espèces. Le ton est à la fois tendre et fataliste : « Like dinosaurs, we will disappear », énonce la voix, suspendue entre résignation et émerveillement.
Dans Après avoir décroché les étoiles, Ödland interroge les illusions du progrès technique : après avoir conquis le ciel, l’humanité chute, incapable de soutenir ses propres rêves. Le clip tourné sur les hauteurs de Buzludja en Bulgarie — une ruine socialiste au design futuriste — donne à voir ce basculement. Ce bâtiment, vestige monumental de l’utopie soviétique, devient dans le film une fusée de papier prête à s’effondrer dans le vide. Les images tournées en infrarouge capturent des paysages fantomatiques, glaciaux, tandis que des séquences en stop-motion, entièrement fabriquées à la main par Lorenzo Papace, illustrent la fragilité enfantine de nos rêves grandioses. Regarder ici
La floraison des bambous, ré-écriture d’un ancien morceau, devient une fable écologique sur la patience, la survie et la ruse de la nature face aux prédations. Les bambous, en décalant leur floraison sur des siècles, déjouent les pièges tendus par les prédateurs.
Dans La neige fond, piano, thérémine, flûte et violoncelle tissent une pièce instrumentale de science-fiction intemporelle, évoquant avec subtilité la fonte inexorable des glaces et l’urgence écologique globale.
Avec À Kalachi, le groupe explore un fait divers mystérieux : un village du Kazakhstan frappé par une épidémie inexpliquée de sommeil profond. Le morceau transforme ce mystère en une élégie somnambule, suspendue entre rêve et catastrophe industrielle cachée. Le refrain — « À Kalachi, c’est toujours la nuit » — se répète comme un mantra d’oubli.
Dans Bambi, une figure orpheline et naïve est confrontée à la ruine d’un monde industriel. La chanson, sous ses airs légers, devient un parcours initiatique brutal : celui de la prise de conscience dans un paysage ravagé par les humains. C’est une parabole moderne et cruelle, où l’innocence rencontre la désolation, dans un monde post-apocalyptique où les illusions sont brisées.
Avenue de la Nation Radieuse développe une vision critique et poétique de l’urbanisme moderniste hérité des utopies architecturales portées par des figures comme Le Corbusier. Le titre évoque explicitement la « Ville radieuse », projet emblématique d’une cité idéale rationalisée et hiérarchisée.
Le morceau met en scène une narratrice errant dans un paysage urbain figé, minéral et impersonnel. L’écriture minimaliste, à la première personne, traduit une perte de repères dans ce monde béton, un sentiment d’absurde et d’aliénation face à une modernité sans horizon.
Une chanson crite par Lorenzo Papace lors d’une résidence à Minsk, Bélarus, dont l’architecture brutaliste l’a profondément marqué. Durant son séjour, il photographie méthodiquement les formes géométriques, imposantes et solennelles de cette ville reconstruite après la Seconde Guerre mondiale selon les canons soviétiques.
Ces images accompagnent le clip. Le résultat est une œuvre audiovisuelle où musique, texte et photographie dialoguent pour questionner les vestiges d’un rêve moderniste devenu solitude architecturale. Regarder ici
Tu vois ouvre une fenêtre plus lumineuse dans ce paysage crépusculaire. C’est une célébration de l’émerveillement et de la liberté, un appel à la légèreté, à l’improvisation, à la redécouverte de la magie simple du vivant.
The Golden Mountain, premier jalon du projet, écrit pour le Musée d’Orsay en 2014, inaugure ce cycle spatial. Son clip en animation, primé au Young Director Award à Cannes, confirme la dimension artisanale, minutieuse et poétique du travail d’Ödland. Regarder ici
Enfin, Sloviansk Wedding Song se penche sur l’éclatement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie à travers les yeux d’une mariée. Ce qui devait être une fête devient un champ de bataille, un mariage ensanglanté par les rapports de force et les jeux de pouvoir. Entre chant traditionnel et cri du cœur contemporain, cette chanson témoigne de l’engagement poétique d’Ödland : dire le monde sans slogan, c’est-à-dire sans réduire la complexité des événements à des messages simplistes ou manichéens. Loin du didactisme, Ödland préfère l’ambiguïté féconde, l’émotion incarnée, la polysémie des images. Ce refus du slogan n’est pas un retrait : c’est une manière plus exigeante de porter un regard politique et sensible sur notre époque, en laissant à l’auditeur la responsabilité de l’interprétation.
L’album se referme sur Extinction, pièce brève et funèbre : ultime souffle d’un monde qui disparaît dans le silence des étoiles mortes.
Avec Comète, Ödland atteint une maturité nouvelle. L’album entremêle science et poésie, ruines et constellations, humour absurde et gravité historique. Il sonde la mémoire collective, la fin des civilisations, les désillusions du progrès. C’est une méditation sur la chute — celle des astres, des idéaux, des civilisations — mais aussi une élégie lucide et tendre pour ce qui s’éteint.
Entre la chute des étoiles, les vestiges architecturaux d’utopies fanées, les vertiges amoureux et les songes radioactifs, Ödland trace un sillon unique : celui d’un vaisseau fantôme poétique, naviguant dans les brouillards d’une époque incertaine.
Et au-dessus de ces paysages en ruine, malgré tout, brillent encore quelques étoiles mortes.
Avec l’album En concert à l’Épicerie Moderne, paru en 2019, Ödland revient à une esthétique acoustique et directe, en cohérence avec un monde possible sans électricité. Ce disque live, enregistré dans une salle lyonnaise emblématique, marque la première fois que le groupe publie un album capturant l’énergie éphémère du concert.
Pourtant, la scène a toujours été au cœur de la démarche d’Ödland : depuis ses débuts, le groupe joue une musique vivante, ancrée dans la performance, le souffle et la présence. Même en studio, les prises sont souvent captées d’un seul jet, avec leurs imperfections assumées comme traces de sincérité. Ce lien fort entre le studio et la scène explique la cohérence organique de l’album live avec l’ensemble de leur production.
Sur scène, ce concert réunit Lorenzo Papace (pianet, mandole), Alizée Bingöllü (chant, concertina, ukulélé), Léa Bingöllü (violon, scie musicale), Lucie Lacour (violoncelle), Mélodie Carecchio (flûte) et, pour la première fois, Sylvain Kaalau aux percussions. Ce dernier, rencontré à travers le projet parallèle L’École du Chat Noir fondé par Lorenzo en 2019 avec Mélodie, rejoint alors l’univers d’Ödland, prolongeant leur complicité musicale dans un nouveau contexte scénique.
Ce retour à l’acoustique s’accompagne d’un appauvrissement technologique volontaire : pas de projections, peu d’amplification, un dispositif scénique sobre, inspiré de la magie du théâtre. Le groupe, ici, choisit la proximité, le partage, la clarté. Il s’éloigne de la sophistication électronique de Comète pour renouer avec ses racines artisanales.
Dans ce cadre dépouillé, les instruments retrouvent une place centrale. Le piano, le violon, le violoncelle, la flûte, les percussions et les voix se répondent dans un clair-obscur acoustique. L’album ne cherche pas l’effet, mais l’intimité. Il capte la chaleur d’un moment partagé, d’un souffle commun. Il célèbre aussi la fidélité du public, présent, attentif, complice. Un public qui, depuis plus de dix ans, accompagne Ödland dans ses explorations musicales et poétiques.
Le groupe joue ce qu’il est : un collectif indépendant, fidèle à son esthétique, à sa liberté, à sa poésie. Un groupe qui sait que la beauté naît parfois du silence, de l’économie, de la simplicité. Et que dans ce dépouillement peut se loger une profondeur nouvelle.
Parmi les chansons interprétées lors de ce concert, trois morceaux forment un triptyque aux résonances libertaires et écologiques affirmées : Notre grand drapeau noir, Toi le flic et Adieu.
Notre grand drapeau noir est une chanson épique et solidaire, où chaque couplet s’adresse à une figure différente de l’exploitation ou de la marginalisation : l’ouvrier, la jeune fille battue, l’immigré, l’enfant, la minorité sexuelle, l’écologiste révolteé. Le refrain, à la fois grave et joyeux, invite à se réapproprier un étendard noir d’espoir et d’insoumission.
Toi le flic déploie une charge virulente contre l’autoritarisme policier, en énumérant les complicités de la police avec les logiques marchandes et les injustices sociales. Le texte, ironique et sans concession, dénonce la brutalité systémique au-delà des individus.
Adieu est une ballade de rupture douce-amère, adressée à une civilisation industrielle à l’agonie. Le texte, elliptique et résolu, exprime un adieu sans appel aux vitrines, aux machines, aux illusions de la croissance. Il porte l’espoir d’une véritable révolution à venir.
D’autres morceaux enrichissent le concert : Dublin City raconte la fuite d’un prisonnier hors de la ville, symbole de libération individuelle. Tout s’est effondré imagine un soulèvement populaire radical et joyeux, où l’effondrement des structures anciennes ouvre la voie à un monde sans hiérarchie ni oppressions. La floraison des bambous, Orphelin, Ce soir je bois et Sur les murs de ma chambre viennent rappeler les thèmes chers au groupe : l’attachement à la nature, la mélancolie intime, les récits sombres.
Ces chansons, dans la chaleur du concert, portées par des arrangements habités, deviennent des manifestes poétiques pour un autre monde possible, dessiné entre légèreté et insoumission, mélancolie et espérance.
Avec Des vagues (2024), Ödland ouvre une nouvelle ère ambitieuse et intense. Pour la première fois, le groupe ne se contente plus de tisser des chansons isolées : il invente une dramaturgie complète, en écrivant et composant une véritable comédie musicale poétique, radicale et hantée. Des vagues est un théâtre des réminiscences, des ruines intimes, des naufrages affectifs, une plongée dans les strates les plus profondes de la mémoire collective et personnelle.
La pièce est le fruit d’une collaboration longue et organique entre Lorenzo Papace et Alizée Bingöllü. Alizée, autrice du texte, metteuse en scène et chanteuse du groupe, y a injecté ses souvenirs, ses colères, ses visions, sa sensibilité politique et son expérience de mère. Lorenzo compose les musiques, fabrique à la main les décors en papier, carton et matériaux de récupération, donnant naissance à un théâtre éphémère aux allures de rêve ruiné. À leurs côtés, Léa Bingöllü (violon) et plusieurs comédien·nes incarnent cette odyssée onirique avec une intensité brute.
Des vagues raconte l’histoire d’un bateau isolé en mer, peuplé de personnages déréglés, emportés par les vents, la mémoire et la folie douce jusqu’à ce que les chansons, comme autant de miroirs brisés, viennent les révéler peu à peu, dévoilant des fragments de leur histoire perdue.
La musique, à la fois acoustique, modale, dramatique et mélancolique, épouse les mouvements du navire : tangage, rupture, apnée, illumination, naufrage. Le piano océanique de Lorenzo compose des climats émotionnels mouvants, instables, où s’infiltrent le cri, l’ironie et la tendresse. Le violon de Léa trace un contrepoint fragile et acéré, comme les éclats d’un passé qui revient défigurer le présent.
Les chansons Albertine se souvient, Des flammes, L’immense cosmos déconstruisent la mémoire intime, explorent les failles familiales et l’effritement des liens humains dans une langue précise, brutale et poétique. Le texte d’Alizée navigue entre lucidité et songe.
La pièce met en scène un monde en train de se déliter — écologiquement, politiquement, affectivement. Elle évoque la défense de la vie comme acte de résistance dans un monde qui sombre, la violence patriarcale comme noyau de naufrages collectifs, l’art comme geste fragile de survie face à l’effondrement.
Mais Des vagues n’est pas une œuvre à thèse. Loin des manifestes, elle cultive une ambivalence radicale. Le grotesque y côtoie la grâce, l’humour éclot dans le tragique, la violence surgit là où l’on attendrait l’apaisement. Cette liberté de ton est sa force la plus subversive : refuser toute simplification, toute assignation de sens.
La scénographie artisanale assume son ancrage : décors mobiles en carton peints à la main, costumes délibérément simples, lumières tamisées comme de vieilles lampes à pétrole. Chaque représentation devient une cérémonie fragile, un rituel éphémère et bouleversant.
En parallèle du spectacle, Ödland publie un EP intitulé Le bateau blanc, composé de trois titres : Le bateau blanc, Coup de vent, Les landes oubliées. Cet EP prolonge le monde de la pièce sans en être une redite : il agit comme un écho, une dérive parallèle.
Le bateau blanc agit comme une allégorie flottante : un huis clos maritime où la mémoire, l’identité et le temps s’effondrent lentement. Inspiré d’une lettre fictive retrouvée sur une plage norvégienne, le morceau décrit un navire hanté errant sur l’océan, peuplé de passagers oublieux de leur destination. Le texte, oscillant entre journal intime et hallucination, est porté par une musique spectrale et instable, où les harmonies altérées évoquent le glissement progressif vers l’effacement. La chanson évoque les cycles de la mémoire dévorée par le doute et la mer comme vaste cimetière des rêves.
Coup de vent, extrait direct du spectacle Des vagues, est une pièce dramatique foudroyante. En deux minutes d’intensité, elle narre la disparition brutale d’Anissa, projetée par-dessus bord sous l’effet d’une tempête soudaine. La houle du piano, le violon heurté, les moments de répit effacés par les bourrasques sonores construisent une scène saisissante de violence et de disparition.
Les landes oubliées synthétise l’univers entier d’Ödland : entre folklore imaginaire, horreur cosmique et mémoire effondrée. La chanson raconte la découverte d’un sentier anormal menant vers un territoire maudit, absent des cartes : le désert d’Ödland. Les paysages défigurés, les rites obscurs, les ruines oubliées, évoquent une mythologie cauchemardesque.
La chanson bascule au centre dans un crescendo halluciné : souffles, trains fantômes, langues mêlées (anglais, français), voix lointaines composent un vertige auditif. Le refrain « There is a land near Östersund » murmure l’existence d’une Ödland réelle et spectrale, entre le nord scandinave et les franges de la mémoire européenne.
Chaque morceau renforce l’esthétique artisanale et dramatique du groupe : acoustique rugueuse, scénarios désaxés, beauté ébréchée, attention portée au moindre détail sonore et visuel.
Avec Des vagues et Le bateau blanc, Ödland atteint un sommet de cohérence esthétique, politique et narrative. Le groupe y déploie pleinement son art de l’ambiguïté, sa maîtrise du récit fragmentaire, son amour des formes simples, dégradées, hantées.
Ödland, fidèle à sa vocation poétique, convoque dans cet ensemble la mer, la mémoire, la folie douce, l’effritement des civilisations et l’espérance obstinée — comme un chant fragile pour un monde qui s’efface lentement sous les vagues.
Depuis 2008, Ödland trace un sentier à rebours des grands courants. Dans un monde saturé de bruit, d’images jetables et de vertiges programmés, leur démarche artisanale, lente et exigeante s’apparente à une forme discrète de résistance poétique. Ce n’est pas un repli nostalgique, mais une manière d’habiter le monde autrement : en réinventant le temps, la matière, la mémoire.
Ce sentier — sinueux, hanté, lumineux — relie des chansons comme on relie des îles oubliées, des récits dispersés, des mondes miniatures que le vent aurait presque effacés. Il passe par les ruines des utopies, les légendes d’Europe, les désastres industriels, les visages aimés, les rêves enfouis. Chaque album, chaque concert, chaque vidéo, chaque fragment devient une balise allumée dans la nuit, une étoile morte qui continue de briller.
Ödland ne s’est jamais soumis aux rythmes de l’industrie, ni aux saisons éphémères de la mode. Leur projet est une construction patiente, une œuvre libre, faite de musique, de théâtre, de récits fragmentés, de gestes manuels, de visions têtues. Ce qu’ils et elles offrent, c’est un monde parallèle, fragile, cohérent, tendu entre l’effondrement et l’espérance, peuplé de deuils, de merveilles, et d’absurde.
Tracer un sentier, pour eux, c’est prendre le risque de se perdre pour mieux inventer. De s’aventurer sans carte, guidés seulement par l’éclat intermittent de certaines lumières secrètes. C’est accepter que le chemin ne mène peut-être nulle part — sinon à un peu plus de clarté dans l’obscur.
Dans les méandres de cette œuvre foisonnante, quelque chose demeure obstinément :
une fidélité intemporelle à ce qui échappe,
une attention infinie à ce qui murmure dans le noir,
une foi entière dans la poésie, l’impermanence et le mystère.
Et tant qu’il y aura un piano pour flotter à la dérive, un violon pour fendre la nuit, un chœur pour murmurer au milieu des ruines, Ödland poursuivra son voyage — entre les vagues, les poussières d’étoiles, et les territoires oubliés.
INSTRUMENTS | ANNÉES D’ACTIVITÉ | |
Lorenzo Papace | Piano, synthétiseurs, orgue, boites à rythmes, mandole, bouzouki, banjoline. | 2008-présent |
Isabelle Royet-Journoud | Ukulélé, mélodica, jouets, tambourin | 2008-2012 |
Alizée Bingöllü | Chant, ukulélé, jouets, tambourin, concertina, baglama | 2008-présent |
Léa Bingöllü | Violon, scie musicale, thérémine | 2008-présent |
Alice Tahon | Violoncelle | 2009-2010 |
Mélodie Carecchio | Flûte | 2012-présent |
Lucie Lacour | Violoncelle | 2012-présent |
Sylvain Kaalau | Percussions | 2019-présent |
21.03.2025 VÉNISSIEUX (France) Théâtre de Vénissieux
08.03.2025 FEYZIN (France) Théâtre Le Rex
04.03.2025 FEYZIN (France) Kiosque «Des vaguelettes »
23.01.2025 AURILLAC (France) Théâtre d’Aurillac «Des vagues »
17.01.2025 PORTE-LES-VALENCE (France) Train Théâtre «Des vagues »
15.12.2024 CORBAS (France) Polaris «Des vagues »
16.11.2024 CALUIRE (France) Radiant Bellevue, 1ere partie de Dionysos
08.11.2024 CORBAS (France) Polaris «Des vaguelettes »
08.10.2020 CHAMBÉRY (France) Brin de Zinc
09.05.2019 FEYZIN.(France) Épicerie moderne
18.03.2017 ZUTPHEN.(Netherlands) Luxor Theater
05.03.2016 LYON.(France) NTH8 Nouveau Théâtre du Huitième, Soirée Comète
21.01.2016 ROVERETO.(Italie) Musée d’art moderne et contemporain
29.06.2015 FEYZIN.(France) L’épicerie moderne, concert en jardin
18.04.2015 FONTENAY-SOUS-BOIS.(France) Espace Gérard Philippe
08.04.2015 LYON.(France) Le Transbordeur, tremplin Les inRocKs
17.05.2014 RILLEUX-LA-PAPE.(France) Espace Baudelaire
09.11.2013 LYON.(France) Boutique Harmonia Mundi
09.11.2013 LYON.(France) Bibliothèque de la Part-Dieu
21.10.2013 KARLSRUHE.(Germany) Private show
20.10.2013 KÖLN.(Germany) Kulturcafe Lichtung
19.10.2013 UNNA.(Germany) Spatz un Wal
18.10.2013 DUISBURG.(Germany) Grammatikoff
17.10.2013 MÜNSTER.(Germany) Picasso Museum
16.10.2013 WALDSHUT-TIENGEN.(Germany) Stellwerk
15.10.2013 ZÜRICH.(Switzerland) Café Henrici
14.10.2013 WINTERTHUR.(Switzerland) Portier
12.10.2013 FÜRTH.(Germany) Badstraße 8
11.10.2013 LEIPZIG.(Germany) Noch besser Leben
10.10.2013 HANNOVER.(Germany) Feinkost Lampe
05.07.2013 LYON.(France) Festival MUZZ, Place du 8 mai 1945
02.11.2012 LYON.(France) Transbordeur. 1ere partie de Dionysos
25.05.2012 BOCHUM.(Germany) Rottstr 5
26.05.2012 KÖLN.(Germany) Kulturcafé Lichtung
29.05.2012 HAMBURG.(Germany) Astra Stube
30.05.2012 MÜNSTER.(Germany) SpecOps
31.05.2012 HANNOVER.(Germany) Feinkost Lampe
01.06.2012 WERNE.(Germany) Flöz-K
02.06.2012 LEIPZIG.(Germany) Noch Besser Leben
03.06.2012 BERLIN.(Germany) Badehaus
05.06.2012 MAGDEBURG.(Germany) Moritzhof
06.06.2012 WUPPERTAL.(Germany) Bürgerbahnhof Vohwinkel
07.06.2012 UNNA. (Germany) Spatz und Wal
08.06.2012 DÜSSELDORF.(Germany) Damen Und Herren
09.06.2012 STUTTGART.(Germany) Café Galao
12.03.2012 DUISBURG.(Germany) Duisburger Akzente
13.03.2012 ZÜRICH(Switzerland) Henrici Kaffee Concert
11.11.2011 LYON.(France) NTH8. Nouveau Théâtre du Huitième. Sortie Sankta Lucia
12.12.2010 LYON.(France) Boutique de chaussure Heschung
20.11.2010 LYON.(France) Concert privé chez P&P
26.07.2010 PARIS.(France) L’International
24.07.2010 ERFURT.(Germany) 7a-versenkt Gallery
23.07.2010 DUISBURG.(Germany) Steinbruch
22.07.2010 UNNA.(Germany) Spatz und Wal
11.07.2010 SHEFFIELD.(United Kingdom) The Rude Shipyard
10.07.2010 MANCHESTER.(United Kingdom) Nexus Art Cafe
09.07.2010 LIVERPOOL.(United Kingdom) View Two Gallery 1ere partie Stealing Sheep
08.07.2010 LONDON.(United Kingdom) The Betsey Trotwood
15.04.2010 LYON.(France) Hot Club Jazz. Sortie Ottocento
08.03.2010 LYON.(France) Nouveau Théâtre du Huitième
23.10.2009 LYON.(France) Le Sonic
20.06.2009 RILLEUX-LA-PAPE.(France) Médiathèque
13.06.2009 LYON.(France) Hot Club Jazz
16.05.2009 LYON.(France) La Marquise. 1ère partie de Céleste
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